Tendances
1 avril 2019
Jérôme Dreyfuss est un créateur, un passionné, un amoureux des femmes (il le dit lui-même), mais aussi et surtout un designer de convictions, très sensible à l’écologie de son domaine. Si l’industrie de la mode est la plus polluante après celle du pétrole, il l’a bien compris et met en place toute une série de mesures et actions qu’il explique en exclusivité à La grande boutique. Rencontre green.
« J’ai grandi dans la banlieue de Nancy et mes voisins étaient fermiers. J’ai grandi avec une conscience de la nature. Lorsque j’étais enfant, j’étais scout et on apprend le respect de la nature. Je n’ai jamais jeté mon papier dans la rue, éteindre son robinet quand on se brosse les dents ou quand on fait la vaisselle, je le fais depuis 35 ans! Ce sont des réflexes que j’ai adapté à mon métier. »
« La mode doit expliquer aux gens ce qu’elle fait, comment elle est fabriquée et comment elle est conçue. Dans sa conception elle se doit d’évoluer, de changer et de devenir responsable. Chez nous, ça se caractérise par le fait que nous n’utilisons que des peaux d’animaux qui sont issus de l’industrie agro-alimentaire, élevés en plein air, jamais piqués avec des antibiotiques (environ 60% des animaux le sont pour qu’ils grandissent plus vite). »
« Chez Jérôme Dreyfuss, nous recyclons les peaux de l’industrie agro-alimentaire, environ 17 millions de kilomètres carrés de peaux chaque année. On les tanne, on les teint puis on en fait du cuir. Je préfère ça plutôt que de faire du faux cuir à base de pétrole ou de la fausse fourrure (toujours à base de pétrole) qui ne se recycle que trois fois et à la fin, on le jette comme du plastique donc on ne sait pas quoi en faire. On essaie d’être responsables. »
« Concernant le tannage, on tanne 90% de nos peaux avec des tannins végétaux. Par exemple, au lieu d’utiliser du chrome, on utilise de l’écorce d’acacia ou de l’écorce de quebracho (arbre d’Amérique du Sud) mais que j’essaie d’éviter au maximum parce que c’est loin donc l’impact Carbone est mauvais alors que l’acacia il y en a pleins en Europe. Ensuite on teint les peaux essentiellement avec des produits végétaux, le vert avec de la chlorophylle par exemple ce genre de choses…»
« À partir de septembre on sera en partenariat avec une association, COEUR DE FORÊT, pour reforester la planète. Les pâtes à tartiner ou encore le rouges à lèvres utilisent énormément d’huile de palme donc en moyenne cinq orang-outans sont tués par semaine en Indonésie. On pense que d’ici à 10 ans, il n’y aura plus d’orang-outans. C’est une des espèces qui nous donnent le plus d’informations sur notre espèce. Aussi, on abat des arbres qui absorbent le CO2, c’est une vraie catastrophe écologique créée par l’industrie. On peut reforester mais il faut aussi aider les villageois qui vendent leur bois. L’association va donc, avant de replanter la forêt, recrée un écosystème pour le village. Ils vont planter des arbres fruitiers dans les villages, des personnes vont leur expliquer pendant tout un cycle les plantations, la manière de récolter et la manière aussi de transformer le fruit pour pouvoir le vendre (confitures/tartes) et une fois que le village sera autosuffisant, on va replanter la forêt autour, forêt qui va pousser et qui ne sera pas vendue à des braconniers. Chaque cycle dure trois ans. On va travailler en Bolivie, en Amérique du Sud. »
« On va essayer de faire une compensation Carbone, ce sera la prochaine étape. On n’est pas parfaits, c’est très important de le dire. On n’a jamais gagné le combat contre les braconniers, les industriels. Ce n’est pas une guerre, il faut réfléchir, il y a pleins de solutions, elles sont toutes bonnes et bienveillantes. Il faut qu’il y ait pleins de micro solutions. Il faut faire les choses sincèrement avec le coeur. »
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