Interviews

6 mars 2019

Interview. Jérôme Dreyfuss, sa déclaration d’amour aux femmes

Jérôme Dreyfuss est au bras d’une fille sur deux à paris. Créateur de sacs depuis 15 ans, il est le discret mari d’isabel marant à la ville et surtout celui qui a compris les femmes. S’il est celui qui dessine les sacs qui les fait toutes rêver, c’est parce qu’il cherche à les comprendre, qu’il les observe, valorise ce qu’elles sont, les aime tout simplement. « On a tous besoin d’une meilleure amie » nous a dit Jérôme dreyfuss pendant l’interview, nous on pense qu’on a plus besoin de créateurs comme lui. Un savant mélange de franc parler et d’engagement sincère qui font le sel des personnes feel good. Rencontre.

Jérôme Dreyfuss est au bras d’une fille sur deux à Paris. Créateur de sacs depuis 15 ans, il est le discret mari d’Isabel Marant à la ville et surtout celui qui a compris les femmes. S’il est celui qui dessine les sacs qui les fait toutes rêver, c’est parce qu’il cherche à les comprendre, qu’il les observe, valorise ce qu’elles sont, les aime tout simplement. « On a tous besoin d’une meilleure amie » nous a dit Jérôme Dreyfuss pendant l’interview, nous on pense qu’on a plus besoin de créateurs comme lui. Un savant mélange de franc parler et d’engagement sincère qui font le sel des personnes feel good. Rencontre.

 

Suivez-vous la Fashion Week ?

Pas du tout ! Je trouve qu’il n’y a plus grand chose d’intéressant dans la Fashion Week… à part des “it girls” donc des gens qui ne font pas grand chose qui se font prêter des fringues gratos et qui se font prendre en photo, que se passe-t-il à la Fashion Week ? Il n’y a plus cet échange qu’il y avait auparavant… Je vous parle peut-être comme un vieux mais je fais référence à un temps où il y avait un vrai échange autour du travail et de l’artisanat. Et j’ai l’impression que ça n’existe plus beaucoup.

Qu’est ce qui vous intéresse dans la mode alors ?

Ce qui m’intéresse, ce sont les filles, les clientes, le monde réel. Quels sont vos problèmes et quelles solutions peut-on y apporter ? J’aime échanger avec d’autres créateurs, mais pas pendant la Fashion Week. C’est ringard, vous trouvez pas ? Il y a des femmes de 70 ans habillées comme des filles de 20 ans et on voudrait faire croire aux jeunes filles que c’est ça la beauté et le succès. Ce monde n’existe pas. Je ne crois pas qu’on ait besoin à ce point de paraître sinon je crois qu’on est très mal dans sa vie, et ce n’est pas pour moi l’objet de la mode. La mode, c’est de respecter les femmes, et de faire en sorte qu’elles se sentent bien. Le féminisme est partout en ce moment, ne trouvez-vous pas que ces femmes déguisées ridiculisent un peu l’image de la femme ? Cette image véhiculée de faire croire aux femmes qu’elles ne sont jamais assez bien me dérange et je ne suis pas étonné que les mecs ne s’interessent pas à ce genre de femmes, et qu’elles soient bien souvent célibataires. Pardon, mais on n’aime pas les femmes objets. On aime les filles sympas, et on kiffe quand elles ont un bourrelet et c’est pas grave. Quel exemple donne-t-on aux jeunes filles d’aujourd’hui ? Regardez les starlettes américaines qui sont devenues célèbres en ne faisant rien d’autre que de faire la p***, c’est désolant.

Comment vous est venue l’idée de faire des sacs ? Par amour des femmes ?

C’est un accident total et absolu ! J’étais à un dîner avec des copines qui sont toutes arrivées avec des sacs un peu pourris et elles m’ont expliqué qu’elles ne trouvaient pas autre chose que des sacs achetés aux Puces ou des sacs promotionnels… C’était il y a 15 ans et à l’époque, il n’y avait que les grandes maisons qui faisaient de la maroquinerie, et les pièces étaient très structurées, un peu lourdes, à vrai dire pas vraiment adaptées à l’ergonomie du corps des femmes. Dans un premier temps, mon idée a été de leur rendre service. Les sacs étaient très lourds, elles avaient mal au dos, les matières étaient rigides, j’ai donc cherché à concilier légèreté, peaux souples et douces… j’ai simplement répondu à une demande. J’ai cherché à séduire en fait, en faisant quelque chose de très simple. Il faut écouter les femmes, s’inspirer de la rue et habiller la rue. C’est ça qui me fait rêver.

C’est quoi alors, une femme bien habillée ?

J’en vois pleins dans la rue ! Ce sont les filles qui sont bien dans leurs baskets, tout simplement. C’est la seule chose qui compte, il faut être bien dans sa peau. Il ne faut pas croire que si on achète une armure, on va se sentir mieux. Il faut se sentir bien et alors n’importe quelle armure sera sublime. Il faut apprendre aux femmes à se battre, et il ne faut pas transformer les femmes en objets de désir. Elles peuvent être super désirables quand elles sont fortes. Mais comme on a voulu mettre la femme en-dessous de l’homme dans nos sociétés depuis la nuit des temps, on lui fait croire que son allure est la clé de tout, mais je ne suis pas d’accord avec ça. Son attitude, son intellect, son humour, sa manière d’être, etc. tout compte !

Pouvez-vous nous parler de votre sensibilité green ?

Ah voilà un sujet intéressant ! C’est le coeur du réacteur ! C’est typiquement là où la mode pourrait être intéressante. Dans la mode, il y a le pire, comme le meilleur, et ça c’est peut-être le meilleur. Par exemple, dans les années 90 la mode a énormément fait pour la lutte contre le Sida et moi c’est cette mode-là que j’aime. La mode d’Alaïa, Mugler, Montana et Jean Paul Gaultier. Ces gens se sont battus pour des causes justes, ils ont utilisé leur accès aux médias pour une cause en laquelle ils croyaient. Il y a eu une quantité d’argent colossale récoltée pour la lutte contre le Sida, et c’est extraordinaire. Je parle si durement de certains aspects de la mode comme de la fashion Week tout à l’heure parce que je sais que la mode est, aussi, capable du meilleur. Et les problèmes écologiques sont un enjeu majeur, tout simplement parce que la mode est la deuxième industrie la plus polluante après l’industrie pétrolière. C’est là où les jeunes générations ont un rôle à jouer. (découvrez bientôt notre prochain article sur les démarches green de Jérôme Dreyfuss)

Vous venez en aide aux femmes, mais les hommes ? Vous n’avez jamais voulu créer des sacs pour eux ?

Les hommes n’ont pas besoin d’aide madame ! (rires) Nous on a nos poches ! J’ai commencé à faire de l’homme pour mes potes, à peu près pour les mêmes raisons que quand j’ai commencé à faire de la femme. Je suis tout le temps avec mes meilleurs potes, ils sont architecte, photographe et champion de skate-board. Ils voulaient des sacs eux aussi. Je leur ai fait et puis on les a mis en vente. Mais le problème, c’est qu’un mec, il le garde 15 ans son sac. C’est pas super intéressant… Moi ça fait 30 ans que je suis habillé de la même façon. J’ai un jean, un pull bleu marine et une paire de baskets. Et honnêtement, je m’amuse beaucoup plus avec les filles. Je peux aller dans la fantaisie, c’est un vrai travail de séduction. Quand je fais une pièce je pense à une fille et je cherche à la séduire, à la faire rire. C’est moins le cas avec mes potes !

Est-ce qu’un jour vous ferez une collab avec Isabel Marant (NDLR : sa femme) ?

Non, parce qu’on fait déjà une collab depuis 22 ans ! C’est notre fils notre collab. Ça ne s’est jamais présenté, on n’y a jamais pensé. Il faudrait quelque chose qui justifie ça, mais pour l’instant je ne vois pas quoi. Faire une collab sur un projet écologique ? Pourquoi pas. Je crois qu’on n’a juste pas envie de mettre notre énergie là-dedans compte tenu du fait qu’on la met déjà dans ce qui nous tient vraiment à coeur et c’est ce qui est important. Je veux toujours que tout ce que j’entreprends vienne du coeur et soit honnête.

Retrouvez tous les sacs Jérôme Dreyfuss sur La Grande Boutique

Suivez-vous la Fashion Week ?

Pas du tout ! Je trouve qu’il n’y a plus grand chose d’intéressant dans la Fashion Week… à part des “it girls” donc des gens qui ne font pas grand chose qui se font prêter des fringues gratos et qui se font prendre en photo, que se passe-t-il à la Fashion Week ? Il n’y a plus cet échange qu’il y avait auparavant… Je vous parle peut-être comme un vieux mais je fais référence à un temps où il y avait un vrai échange autour du travail et de l’artisanat. Et j’ai l’impression que ça n’existe plus beaucoup.

Qu’est ce qui vous intéresse dans la mode alors ?

Ce qui m’intéresse, ce sont les filles, les clientes, le monde réel. Quels sont vos problèmes et quelles solutions peut-on y apporter ? J’aime échanger avec d’autres créateurs, mais pas pendant la Fashion Week. C’est ringard, vous trouvez pas ? Il y a des femmes de 70 ans habillées comme des filles de 20 ans et on voudrait faire croire aux jeunes filles que c’est ça la beauté et le succès. Ce monde n’existe pas. Je ne crois pas qu’on ait besoin à ce point de paraître sinon je crois qu’on est très mal dans sa vie, et ce n’est pas pour moi l’objet de la mode. La mode, c’est de respecter les femmes, et de faire en sorte qu’elles se sentent bien. Le féminisme est partout en ce moment, ne trouvez-vous pas que ces femmes déguisées ridiculisent un peu l’image de la femme ? Cette image véhiculée de faire croire aux femmes qu’elles ne sont jamais assez bien me dérange et je ne suis pas étonné que les mecs ne s’interessent pas à ce genre de femmes, et qu’elles soient bien souvent célibataires. Pardon, mais on n’aime pas les femmes objets. On aime les filles sympas, et on kiffe quand elles ont un bourrelet et c’est pas grave. Quel exemple donne-t-on aux jeunes filles d’aujourd’hui ? Regardez les starlettes américaines qui sont devenues célèbres en ne faisant rien d’autre que de faire la p***, c’est désolant.

Comment vous est venue l’idée de faire des sacs ? Par amour des femmes ?

C’est un accident total et absolu ! J’étais à un dîner avec des copines qui sont toutes arrivées avec des sacs un peu pourris et elles m’ont expliqué qu’elles ne trouvaient pas autre chose que des sacs achetés aux Puces ou des sacs promotionnels… C’était il y a 15 ans et à l’époque, il n’y avait que les grandes maisons qui faisaient de la maroquinerie, et les pièces étaient très structurées, un peu lourdes, à vrai dire pas vraiment adaptées à l’ergonomie du corps des femmes. Dans un premier temps, mon idée a été de leur rendre service. Les sacs étaient très lourds, elles avaient mal au dos, les matières étaient rigides, j’ai donc cherché à concilier légèreté, peaux souples et douces… j’ai simplement répondu à une demande. J’ai cherché à séduire en fait, en faisant quelque chose de très simple. Il faut écouter les femmes, s’inspirer de la rue et habiller la rue. C’est ça qui me fait rêver.

C’est quoi alors, une femme bien habillée ?

J’en vois pleins dans la rue ! Ce sont les filles qui sont bien dans leurs baskets, tout simplement. C’est la seule chose qui compte, il faut être bien dans sa peau. Il ne faut pas croire que si on achète une armure, on va se sentir mieux. Il faut se sentir bien et alors n’importe quelle armure sera sublime. Il faut apprendre aux femmes à se battre, et il ne faut pas transformer les femmes en objets de désir. Elles peuvent être super désirables quand elles sont fortes. Mais comme on a voulu mettre la femme en-dessous de l’homme dans nos sociétés depuis la nuit des temps, on lui fait croire que son allure est la clé de tout, mais je ne suis pas d’accord avec ça. Son attitude, son intellect, son humour, sa manière d’être, etc. tout compte !

Pouvez-vous nous parler de votre sensibilité green ?

Ah voilà un sujet intéressant ! C’est le coeur du réacteur ! C’est typiquement là où la mode pourrait être intéressante. Dans la mode, il y a le pire, comme le meilleur, et ça c’est peut-être le meilleur. Par exemple, dans les années 90 la mode a énormément fait pour la lutte contre le Sida et moi c’est cette mode-là que j’aime. La mode d’Alaïa, Mugler, Montana et Jean Paul Gaultier. Ces gens se sont battus pour des causes justes, ils ont utilisé leur accès aux médias pour une cause en laquelle ils croyaient. Il y a eu une quantité d’argent colossale récoltée pour la lutte contre le Sida, et c’est extraordinaire. Je parle si durement de certains aspects de la mode comme de la fashion Week tout à l’heure parce que je sais que la mode est, aussi, capable du meilleur. Et les problèmes écologiques sont un enjeu majeur, tout simplement parce que la mode est la deuxième industrie la plus polluante après l’industrie pétrolière. C’est là où les jeunes générations ont un rôle à jouer. (découvrez bientôt notre prochain article sur les démarches green de Jérôme Dreyfuss)

Vous venez en aide aux femmes, mais les hommes ? Vous n’avez jamais voulu créer des sacs pour eux ?

Les hommes n’ont pas besoin d’aide madame ! (rires) Nous on a nos poches ! J’ai commencé à faire de l’homme pour mes potes, à peu près pour les mêmes raisons que quand j’ai commencé à faire de la femme. Je suis tout le temps avec mes meilleurs potes, ils sont architecte, photographe et champion de skate-board. Ils voulaient des sacs eux aussi. Je leur ai fait et puis on les a mis en vente. Mais le problème, c’est qu’un mec, il le garde 15 ans son sac. C’est pas super intéressant… Moi ça fait 30 ans que je suis habillé de la même façon. J’ai un jean, un pull bleu marine et une paire de baskets. Et honnêtement, je m’amuse beaucoup plus avec les filles. Je peux aller dans la fantaisie, c’est un vrai travail de séduction. Quand je fais une pièce je pense à une fille et je cherche à la séduire, à la faire rire. C’est moins le cas avec mes potes !

Est-ce qu’un jour vous ferez une collab avec Isabel Marant (NDLR : sa femme) ?

Non, parce qu’on fait déjà une collab depuis 22 ans ! C’est notre fils notre collab. Ça ne s’est jamais présenté, on n’y a jamais pensé. Il faudrait quelque chose qui justifie ça, mais pour l’instant je ne vois pas quoi. Faire une collab sur un projet écologique ? Pourquoi pas. Je crois qu’on n’a juste pas envie de mettre notre énergie là-dedans compte tenu du fait qu’on la met déjà dans ce qui nous tient vraiment à coeur et c’est ce qui est important. Je veux toujours que tout ce que j’entreprends vienne du coeur et soit honnête.

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