Interviews
4 février 2021
Raquel allegra est comme un trèfle à quatre feuilles. Plutôt rare parmi ses pairs, elle a tendance à porter bonheur ! En tout cas, tout ce qu’elle entreprend se transforme en quelque chose de joyeux ou de positif pour les autres. Cette californienne qui a fondé sa marque grâce à sa passion pour le vintage et les allures rétro rock a décidé d’aller puiser son inspiration au-delà des frontières américaines pour sa collection automne-hiver (disponible sur la grande boutique). C’est grâce à un ami et par le biais d’une association au sierra leone en Afrique qu’elle a travaillé une nouvelle technique et mis au point ses nouveautés. Explications.
C’est par le double biais d’un de ses amis proches, Tiffany Persons, et de l’association qu’il a fondée, Shine On Sierra Leone, que Raquel Allegra a posé ses valises au Sierra Leone le temps de mettre au point sa collection hiver. L’idée ? S’appuyer sur les profils mis en avant par l’association qui défend les talents locaux et les communautés créatives locales pour aborder une nouvelle approche de son travail de designer. Résultat, c’est avec les artisans locaux du village de Bongema que Raquel Allegra a étendu son champ créatif en mettant au point son tout dernier tie and dye.
Décimée par une guerre civile qui a duré plus de dix ans et a pris fin en 2002, le Sierra Leone subit encore de nos jours de nombreux dommages liés à l’exploitation du diamant ou de l’or. À cause de ces divers problèmes, de nombreuses infrastructures ont disparu et bon nombre d’artisans locaux se sont vus obligés de quitter le pays.
L’artisanat et l’engagement pour les populations dans le besoin tiennent beaucoup à cœur à Raquel Allegra qui nous confie à l’occasion de la sortie de cette nouvelle collection : « Nous avons tous tellement d’opportunités et de choix lorsqu’il s’agit de soutenir des endroits où nous pouvons mettre notre énergie. Il faut savoir où placer la sienne. Je trouve que plus c’est personnel, plus c’est significatif ».
L’association Shine On Sierra Leone et son ami Tiffany ont présenté un artisan local à Raquel Allegra, qui lui a appris ses techniques de travail. Comme Raquel Allegra le dit elle-même, « l’enseignant s’est transformé en élève ».
Elle ajoute : « être directeur créatif signifie que votre équipe vient vers vous pour obtenir des réponses, de la clarté et du soutien, mais ce voyage m’a permis d’être l’élève plutôt que l’enseignant. Une expérience et une dynamique rafraîchissantes qui replace l’humilité au bon endroit. »
Établissant depuis ses débuts une approche très personnelle avec ses collections, Raquel Allegra pousse ici le curseur un petit peu plus loin en mélangeant traditions et engagements.
« Pour que la mode soit une vraie voie d’épanouissement, il est important pour moi de raconter des histoires personnelles qui peuvent ou non être évidentes pour le consommateur. Je pense que cela a toujours été l’histoire de la mode : plus elle est personnelle, plus elle a de sens. Aussi, plus nous comprenons que notre public veut se connecter à un niveau plus profond, plus nous savons que partager cette partie de notre histoire est important. » confie-t-elle à La Grande Boutique.
Comme le prolongement naturel de son approche stylistique, Raquel Allegra et les artisans locaux ont ainsi travaillé la technique de la teinture à l’indigo, appelée également « Gara ». Si le terme de Gara peut faire référence au tissu teint d’Afrique de l’Ouest en général, à l’origine, il se référait spécifiquement à un matériau teint avec la plante qui porte son nom, le gara. La teinture Gara en tant que tradition s’est alors vite imposée dans l’esprit créatif de l’américaine, donnant naissance à son nouvel « imprimé Gara » et à sa dernière collection baptisée « Que l’amour règne ». Elle confie elle-même que « le mot Gara pourrait même être synonyme de tie dye, qui est spécifique à cette région et à ses traditions ». Pour une créatrice qui a fait du tie and dye une partie intégrante de son processus depuis le premier jour, la boucle semble donc se boucler.
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