Tendances
27 décembre 2019
On n’aura jamais autant regardé dans le rétro. Depuis quelque temps, si vous voulez être un tant soit peu tendance, il faudra vous faire à l’idée d’une mode rebelle et décadente. Comme beaucoup aiment le dire, oui, la mode est un éternel recommencement et c’est bel et bien un bis repetita que les collections mettent fréquemment à l’honneur. Punk ou grunge ? Vous saviez qu’il y avait une différence entre les deux ? En fait, ça n’a rien à voir. Autant dans le style, que dans les revendications, les influences, et même les continents, puisque l’un est né en Grande-Bretagne et l’autre aux États-Unis ! Pour ne pas s’habiller sans comprendre, pour endosser les tendances avec connaissances, La grande boutique vous donne les clés de ces deux grands mouvements mode et musique du 20e siècle. Puis, vous pourrez être les deux à la fois, peut-être rien du tout, mais une chose est sûre, vous serez forcément tentés d’essayer au moins l’un des deux !
Comme beaucoup de mouvements mode, le punk puise son origine dans un mouvement social et culturel. À la fin des années 60, la philosophie hippies règne et le baba cool l’a emporté sur les habitudes vestimentaires et culturelles. Le mouvement punk, du mot “voyou” en anglais, voit le jour dans les années 70 en Grande-Bretagne. Ce qui le caractérise ? La provocation ! Échaudés par la montée du chômage, les punks veulent s’affranchir de la société établie, rejeter le « peace & love » ambiant et imposer un nouveau slogan, « No Future ».
Très vite, cet élan social se traduit dans la mode et la musique. Comme chaque mouvement, il est incarné par des personnalités d’envergure, et des pièces phare. C’est l’essor des Sex Pistols avec l’emblématique leader Sid Vicious. Le manager du groupe Malcolm McLaren est avec Vivienne Westwood, la célèbre créatrice de mode.
Ils ouvrent en 1974 un magasin de vêtements à Londres qui s’appelle “Sex”. On veut choquer. Les créations sont sulfureuses, en contraste avec l’Angleterre pudibonde. Westwood devient une figure de proue du mouvement. Esthétiquement, le rejet et le rébellion sont les mots clés de la silhouette. Tout part de là. On prend tout ce qui passe pour se faire un look, c’est la grande mode du DIY (Do It Yourself). On célèbre l’autodestruction avec des t-shirts déchirés, troués, des bas résilles. Les épingles à nourrice rafistolent les vêtements sales ou déchirés qui sont célébrés puisqu’anticonformistes. On se teint les cheveux de toutes les couleurs, si c’est en forme de crête c’est encore mieux. Les clous symbolisent la colère et la force, on en met autour du cou, des poignets, sur les chaussures plateforme.
Le tartan devient l’imprimé emblématique des punk. Porté pour protester contre les classes dirigeantes, il devient rebelle, presque militant. Il restera le motif phare de ce mouvement, et sera entre autres mis à l’honneur au musée du MET à New York lors de l’exposition sur le punk en 2013. Ironie du sort, les premiers t-shirts punk de Vivienne Westwood, véritables témoins d’une époque et vestiges sociaux culturels d’une rébellion, sont aujourd’hui vendus aux enchères. Punk is not dead !
Le grunge n’a rien à voir avec le punk, enfin pas vraiment. On s’explique. Déjà, il vient des Etats-Unis, et émerge bien plus tard, à l’aube des années 90. On lui attribue ses premières heures dans la région de Seattle et c’est sous les riffs de guitare que le grunge aurait vu le jour. En hommage aux punk (le rapport est là!), les premiers grunge jouent de la musique rock hard et saturée, habillés de pantalons déchirés, de chemises à carreaux (choisies pour des raisons pratiques, parce qu’elles tenaient chaud!) et de cuirs rapiécés. Mais contrairement au mouvement punk, leur look est la résultante d’un laisser-aller et pas d’un acte de rébellion. Tout simplement, ils n’avaient aussi pas un sou en poche et faisaient avec les moyens du bord. Et comme chaque mouvement, une figure de proue va vite émerger. Il a les cheveux dans les yeux, ses chansons parlent de ses petites amies, son âme en apparence sensible tranche avec son apparence délaissée. C’est Kurt Cobain.
Autant que le groupe qu’il forme avec Nirvana, c’est son couple avec Courtney Love qui fait rêver. Symboles des années 90 (ils se rencontrent en 1989), ils deviendront les emblèmes d’une génération (et des suivantes). Ils ont chacun un look facilement reconnaissable qui restera dans les annales : jean déchiré, t-shirt (pas tout à fait) blanc, cardigan oversize et Converse usées pour lui tandis que Courtney Love parviendra à définir malgré elle un grunge au féminin avec une allure faite de glamour négligé toujours à la limite entre le débraillé et l’habillé. Le style grunge, au-delà de la musique, est bel et bien né, comme une sorte de “woke up like this”, mais après une soirée très arrosée.
Plus vous avez l’air débraillé (et presque sale), mieux c’est. Les pièces basiques qui le composent sont un petit peu différentes de celles du mouvement punk, mais surtout portées avec une intention assez différente. Les chemises à carreaux oversize, les jeans troués, les t-shirts à l’effigie d’un groupe de rock, les Converse usées etc forment une silhouette (volontairement) négligée plus que purement rebelle.
Le suicide de Kurt Cobain le 5 avril 1994 ne met pas un terme au mouvement grunge, bien au contraire. Il le répand. Les années 90 marquent l’avènement du mannequin Kate Moss, elle aussi grunge dans son genre. Le style de Kurt Cobain a quant à lui influencé bon nombre de créateurs de mode depuis, ses plus fidèles héritiers étant probablement son fan inconditionnel Chris Leba chez R13 (son interview exclusive ici) mais aussi Hedi Slimane, officiant désormais en tant que directeur artistique chez Céline.
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