Interviews
29 mars 2019
Laurence Bossion est une créatrice de chapeaux dont peu connaissent le nom et pourtant, ses créations sont parmi les plus réputées de paris. Quand elle ne prête pas ses chapeaux pour des shootings pour les plus grands magazines de mode (vogue, numéro, etc.), elle fait des modèles sur-mesure ou dessine pour les maisons de couture. La grande boutique est fière de présenter cette créatrice aux mains de fée pour le printemps-été. Nous l’avons rencontrée.
Je suis modiste, donc cela veut dire que je fais des chapeaux sur-mesure, à ne pas confondre avec un chapelier qui est plus quelqu’un qui fait des chapeaux en série par exemple. J’exerce ce métier depuis 1996, ça commence à faire ! La modiste, elle bricole je dirais… je m’adapte aux outils dont je dispose et surtout aux demandes des clientes qui sont très variées. Concrètement, c’est comme dans le prêt-à-porter, je présente deux collections par an, pendant la Fashion Week, et je fais en plus du sur-mesure.c
J’ai étudié à l’IFM (Institut Français de la Mode) à Paris, le stylisme et le modélisme, mais lorsque je travaillais sur les volumes des toiles, j’ai toujours dessiné les chapeaux, les sacs, les chaussures. J’ai toujours été attirée par les accessoires. J’aime beaucoup travailler les matières mais avec un regard différent que dans le prêt-à-porter, comme la paille ou le feutre par exemple. Avec les chapeaux, on travaille comme un sculpteur avec une recherche de volume différente, avec pour objectif que cela rentre sur la tête et surtout que cela tienne debout ! Ça, c’est la contrainte numéro Une !
Le chapeau est très connu et vu pour les mariages et les courses hippiques, ce genre de cérémonies. Mais moi, par exemple, je ne sors jamais sans chapeau, donc j’imagine que cela doit être le cas d’autres femmes. Je n’aime pas les étiquettes. Je m’adapte à tous les désirs et c’est la raison pour laquelle je propose un très grand choix de chapeaux. Généralement d’ailleurs, les clientes qui viennent à la boutique sont surprises de l’étendue du choix qui s’offrent à elles.
Cela va dépendre des saisons… En hiver, j’aime beaucoup la casquette, que je trouve très facile. J’en porte une en cachemire que j’aime particulièrement. J’aime détourner les matières, je fais ce qu’on appelle de “l’upcycling”. Par exemple, j’ai une grande quantité de costumes d’homme, faits main avec de très beaux détails. Je taille directement des casquettes, des chapeaux cloches ou des bérets avec des morceaux de tissus de costumes. Chaque pièce est unique. J’aime le respect du travail traditionnel et artisanal. La première collection que j’avais faite dans ce sens s’appelait “Morceaux Choisis” et c’est exactement ce dont il s’agit.
J’aime beaucoup le contact avec les clientes, un peu commes les coiffeuses ! Pour le sur-mesure il s’agit d’un vrai travail d’accompagnement pour un moment précis dans la vie de ces femmes, je trouve ça important. Ce n’est pas toujours naturel pour toutes, je les guide pour qu’elles soient à l’aise. J’adore faire ça.
Personne n’est pas fait pour porter un chapeau ! Je ne sais pas si l’expression “tête à chapeau” se vérifie mais je crois surtout qu’il y a certaines femmes qui aiment jouer avec cela plus que d’autres. Il y a des femmes qui sont super mal à l’aise face à un miroir avec un chapeau et d’autres non. C’est mon rôle, de les apprivoiser et de les guider vers le bon choix. Quand elles viennent chez moi, elles viennent aussi chercher le conseil, pas simplement le chapeau
Je ne crois pas… il y a deux façons de voir les choses. Je crois que l’on se fait plus remarquer lorsque l’on porte un chapeau, mais on peut aussi considérer que l’on cherche à se dissimuler sous un chapeau, surtout s’il a de larges bords. Peut-être est-ce donc les deux ?
Je travaille souvent avec des maisons de mode. J’ai travaillé avec Junko Shimada, ou encore Antonio Ortega et plus récemment avec Hedi Slimane pour Celine. Il m’a demandé de dessiner des bibis, c’était très sympa. J’ai aimé sa façon de les associer avec des looks rock et destroy, j’ai trouvé ça très moderne. Le bibi peut avoir une allure un peu désuète, et là, plus du tout. L’effet vintage écrasé était super intéressant et puis il y avait des paillettes aussi, c’était fort !
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