Interviews
18 décembre 2019
C’est avec agilité et un brin de provocation que le créateur américain a soufflé un vent nouveau sur la mode en créant r13 il y a 10 ans, donnant une impulsion punk à des basiques que l’on pensait ne plus réinventer. Créatif et irrévérencieux, il mélange les genres, les styles, les couches de vêtements au sein d’une même silhouette, donnant lieu à un look particulier, une dégaine audacieuse qui a fait son succès. Chris leba habite à new york, il ne s’exprime jamais dans les médias et se dévoile aujourd’hui en exclusivité à la grande boutique qu’il affectionne particulièrement.
Au moment où j’ai commencé la marque R13, j’étais déjà chez Ralph Lauren depuis 19 ans. Même si j’avais un immense respect pour cette maison et pour Ralph lui-même, je me sentais restreint de créer des vêtements pour une marque grand public…en conséquence de quoi, j’ai décidé de lancer R13, que je considérais vraiment à l’origine comme un exutoire pour m’exprimer librement, sans aucune contrainte cette fois-ci.
J’avais beaucoup d’idées qui me venaient et ce de façon répétée, mais je savais qu’elles ne seraient pas appropriées ou acceptées par le marché de masse américain. J’ai toujours eu un amour et un goût naturels pour les vêtements de sport et les vêtements du quotidien intemporels américains, mais j’avais envie de les moderniser. Mon objectif pour R13 était de prendre quelque chose de très familier du grand public et de le transformer en quelque chose de nouveau et intéressant sans perdre la notion d’authenticité et d’héritage.
Quand je cherchais un nom, je voulais quelque chose qui fasse partie de l’histoire fondatrice américaine et pouvait en même temps avoir un sens décalé. Pendant mes recherches, je suis tombé sur le drapeau « Join or Die » de la guerre d’indépendance américaine, représentant un serpent à sonnettes dont le corps est composé de 13 parties distinctes, représentant les 13 colonies originales américaines. Le drapeau représente ce besoin d’unité pour créer l’Union, quelles que soient les différences entre les colonies, cette lutte pour l’indépendance. C’était la vision métaphorique que j’avais pour R13. Je voulais représenter le contraste des croyances, des opinions et du style américains, mais montrer que nous nous réunissons tous pour l’amour de la liberté, de l’expression et des idées. De là, j’ai trouvé le nom R13, qui est une abréviation à l’envers des 13 « sonnettes » du serpent.
J’ai gardé mon identité cachée principalement parce que je travaillais encore chez Ralph Lauren au moment où j’ai commencé R13 et je ne voulais pas vraiment que mes deux mondes se heurtent. Cela m’a moins dérangé que mon image soit publique après avoir quitté mon emploi chez Ralph Lauren et j’ai ainsi pu me consacrer entièrement à R13.
Le punk et le grunge sont des attitudes qui sont encore très présentes chez nous. Ils ne portent peut-être pas le même nom, mais ce qu’on pourrait appeler un archétype irrévérencieux se trouve toujours tout autour de nous aujourd’hui. Je pense que le meilleur indicateur comme quoi le punk, le grunge et le décalage de manière plus globale sont toujours autant d’actualité est le fait de remarquer à quel point les jeunes d’aujourd’hui portent des Dr. Martens, des vestes en cuir et des jeans déchiquetés au quotidien.
Pour moi, c’est intemporel parce que le grunge ne concerne pas spécifiquement un seul vêtement, en soi, je le vois comme une attitude que mes tenues représentent dans ma vie quotidienne. Cependant, nous voyons des pièces uniques, comme des Dr. Martens ou un perfecto en cuir, qui exprime le punk par excellence et qui sont justement recyclées si je puis dire au sein des tendances. Les client(e)s de R13 considèrent le punk comme un élément essentiel de leur vie, comme moi.
Je pense que, depuis notre toute première collection, ce serait une paire de jeans classique, un T-shirt blanc déchiré parfait, une veste de motard en cuir noir et, si je peux en ajouter une quatrième, ce serait une paire de bottes de combats noires à lacets.
La plupart de mon inspiration vient de tous les groupes alternatifs que j’ai écouté dans les années 80 et 90 – de Joy Division à Nirvana et de tous les autres groupes alternatifs entre les deux.
La fille R13 est cette petite amie imaginaire que j’ai depuis mon adolescence. Chaque saison, je la réinvente encore et encore pour voir ce que je dois changer et continuer d’avancer, tout en conservant cette image d’elle. Nous avons une histoire d’amour parfaite qui dure depuis de très nombreuses années maintenant. ?
Ma journée commence et se termine avec ma fille de 2 ans, Bella. Je lui donne le petit déjeuner le matin et je la mets au lit le soir. Entre les deux, je suis au bureau pour travailler et travailler, et encore travailler, mais j’aime chaque seconde de ma journée ! Je suis très reconnaissant d’être là où je suis maintenant et de vivre en ce moment la meilleure version de ma vie.
L’avenir est toujours incertain. Il y a dix ans, lorsque j’ai commencé R13, je ne savais pas que j’en serai là aujourd’hui. Je mets juste un pied devant l’autre et dix ans plus tard, nous voici. Mon objectif principal, pour moi et pour R13, est de rechercher en permanence des moyens de s’améliorer. J’ai toujours hâte de toutes les surprises qui m’attendent dans les dix prochaines années. Le meilleur reste à venir !
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