Interviews
20 juin 2023
Si on vous demande, vous direz que c’est ici que l’avez vu pour la première fois. Rory William Docherty, retenez bien ce nom car vous risquez de le voir de nouveau à l’avenir. Ce créateur néo-zélandais qui imagine des pièces intemporelles a tapé dans l’oeil de La Grande Boutique. Découvrez son interview exclusive et comme nous, succombez à cette marque à suivre de très près.
J’ai grandi avec des parents écossais dans la campagne néo-zélandaise. Mon père est professeur d’art alors j’ai commencé à dessiner très jeune. Mon amour de la mode vient de là. J’ai étudié le design de mode à l’Université Massey de Wellington en Nouvelle-Zélande. À 20 ans, j’ai travaillé chez Prada et Yohji Yamamoto à Londres et j’ai acquis l’amour de l’artisanat, du design conceptuel et l’importance d’une forte identité visuelle de marque.
Ensuite, j’ai travaillé pour un grand fournisseur de multinationales, y compris TopShop. Globalement, j’ai été dans l’industrie de la mode toute ma vie d’adulte et j’ai toujours voulu être designer. Je vis désormais en Nouvelle-Zélande. J’ai travaillé ici dans la conception, la production avant de lancer ma marque.
J’ai souvent été influencé par des artistes ou des mouvements artistiques. Je reviens toujours à Francis Bacon, Egon Schiele, Gustav Klimt, Ben Nicholson ou Cy Twombly. Concernant les designers, j’aime beaucoup Martin Margiela quand c’était lui, Yves Saint Laurent à la fin des années 70 et Yohji Yamamoto, surtout ses vêtements pour homme. De manière générale, j’aime bien les vêtements de travail, tout ce qui est utilitaire ou les vêtements traditionnels comme le kilt.
Rory William Docherty est synonyme de savoir-faire intemporel, de slow fashion ce qui signifie que nous travaillons en dehors des saisons. Chaque imprimé est basé sur mes propres dessins et peintures, réinventés sur des silhouettes emblématiques.
Chaque pièce de Rory William Docherty est empreinte d’une sensibilité évoquant une émotion et une connexion. Les vêtements sont fabriqués pour durer dans de beaux tissus, avec beaucoup de considération pour le confort. Si je devais résumer la marque je dirais : essentiel, optimiste, sobre et pertinent.
J’ai une clientèle très large, qui va de 18 à 80 ans. Ce sont des femmes, des hommes, des personnes non binaires et des transgenres d’origines ethniques diverses. Le point commun est qu’ils possèdent tous une certaine confiance en eux et apprécient le savoir-faire et la qualité, et aiment profondément la créativité. Je crois que mes vêtements leur permettent d’exprimer leur individualité et leur créativité.
Ils sont comme le titre d’un livre ou d’un chapitre. J’espère qu’ils résument ou font allusion à un sentiment, à l’ambiance de la collection, qu’ils vont intriguer le client et vont l’inviter à venir découvrir la collection.
L’inspiration évolue et se superpose. Je suis souvent inspiré par ce qui se passe autour de moi, dans mon environnement immédiat, ou de manière plus globale ce qui se passe d’un point de vue social, économique, environnemental ou climatique. Je suis animé par des questions telles que nos besoins. De quoi avons-nous besoin et que désirons-nous mettre dans nos armoires maintenant, et dans le futur ? A qui cela sert-il, comment et pourquoi ? Comment allons-nous faire et quel impact cela aura-t-il ? L’inspiration esthétique est diverse et souvent décousue en apparence, mais elle est toujours le résultat d’observations externes et de réflexions internes. Je me nourris de tout : les environnements urbains, l’architecture, les mouvements artistiques, la littérature et l’abondance dans la nature.
Je vis à Auckland en Nouvelle-Zélande. Je pleure tout le temps ! Que ce soit à cause de films romantiques, à un mariage, même devant une pub à la télé ! Je peux sangloter de manière incontrôlable du début à la fin devant un film… Mon compagnon me fait rire. Il apporte un sourire sur mon visage tous les soirs lorsque je rentre du studio. Ma famille et mes amis me font rire, surtout de moi-même, ce qui est un merveilleux remède contre le stress et m’aide à ne pas me prendre au sérieux.