Interviews
24 avril 2019
Vous avez déjà demandé à une copine qui était la créatrice du bijou qu’elle portait parce que vous vouliez le même. « C’est pascale monvoisin », vous a t-elle dit. C’était une bague fine avec une belle turquoise, un collier avec un coquillage et une petite pierre ou une médaille gravée… Depuis, vous reconnaissez ses bijoux qui obéissent tous à la même poésie, cette finesse des pierres et des lignes qui semblent à chaque fois raconter une histoire particulière. Créatrice adorée des filles branchées comme des femmes élégantes et discrètes, pascale monvoisin est la créatrice de bijoux universelle. Celle qui préfère dévoiler ses pensées à travers ses créations, mais parle aujourd’hui pour la grande boutique de son histoire et de sa passion pour son métier. Rencontre.
Je dirais que c’est peut-être parce que je suis bien plus à l’aise pour mettre en scène mon travail que ma personne. Je suis quelqu’un de très secret, très solitaire. C’est dans ma nature, je suis pudique. Je ne suis pas très à l’aise pour raconter ma vie, j’aime m’exprimer avec mes mains en fabriquant quelque chose, j’ai toujours fait ça. Je suis plus sincère quand je fais des choses dans l’objet que dans la parole. Par exemple, je ne suis jamais celle qui anime les dîners, j’adore rigoler mais je ne suis pas celle qui vais mener la conversation. Je suis dans mon coin, et j’adore ça.
Mon parcours est assez atypique, puisqu’il s’agit d’une totale reconversion. Dans une autre vie, j’étais chef de cabine sur les longs courriers pour une compagnie aérienne française et à côté de ça, je peignais beaucoup, je sculptais, je fabriquais des objets de toute sorte… puisque j’avais pas mal de temps libre. Je faisais aussi des bijoux que je vendais à droite à gauche. Ce qui a fait que j’ai passé le cap, c’est la rencontre avec mon amoureux parce qu’il voyait que je n’étais pas épanouie dans mon travail et que d’autre part, je parvenais à vendre mes objets assez facilement. J’étais habitée par ça alors il m’a dit de me lancer, c’est lui qui m’a donné l’impulsion. Très simplement, j’ai pris un congé sans solde, j’ai fait une première collection de bijoux et au bout de deux ans j’ai donné ma démission. Je n’ai jamais suivi de formation d’aucune sorte, j’ai tout fait à l’instinct. J’étais très inspirée par Mapplethorpe quand il fait ses bijoux avec des plumes, des cordons de cuir, ce genre de choses. J’ai été guidée par ça. Je prenais de la ficelle, des cordons de cuir etc. Ce que j’aime plus que tout, c’est l’assemblage des matières et des couleurs. J’ai commencé dans un coin de mon appartement, avec une stagiaire qui est aujourd’hui ma directrice générale. L’histoire s’est tricotée comme ça, sans véritable plan, sans faire de formation, en apprenant de ses erreurs et en écoutant ses envies. C’était il y a 10 ans.
Je crois qu’à l’époque, j’ai proposé quelque chose de nouveau sur le marché, alors je me dis que le petit succès que j’ai pu avoir est dû au fait que j’ai abordé les choses différemment. Au départ, je faisais des bijoux que l’on appelle « fantaisie » donc qui n’étaient pas en or, puis assez rapidement j’ai arrêté parce que je me suis rendue compte que techniquement c’était assez limité. J’ai alors commencé à faire quelques bijoux en or. Comme j’avais beaucoup voyagé, notamment aux Etats-Unis je me suis rendue compte que là-bas ils faisaient pas mal de 9 carats, et j’ai été la première à Paris à proposer ça. Aujourd’hui, tout le monde le fait… Et à ce moment-là, tout a décollé. J’ai eu l’impression de trouver une identité, la mienne à vrai dire. Concernant les pierres, le hasard m’avait fait rencontrer un Indien incroyable à Jaipur qui achète pour moi. C’est un magnifique sourceur de pierres et comme dorénavant il me faut un peu de stock, j’ai juste à lui demander ce que je veux et il se charge de tout.
Oui ! Je pense que les bijoux définissent la personne qui les porte. De la même façon que des vêtements peuvent définir quelqu’un. On voit très bien tout de suite à qui on a affaire à travers un bijou. On dit que l’habit ne fait pas le moine, mais si, l’habit fait tellement le moine ! Je remarque tout de suite une femme qui porte des boucles d’oreilles asymétriques, des bijoux plus ostentatoires, ou fins, plus pointus, ou alors classiques etc. je trouve que ça définit très bien la femme qui les porte.
On me dit que des jeunes filles de 20 ans comme des femmes de 55 ans peuvent porter mes bijoux, et je trouve ça génial. Cela signifie que mes bijoux sont populaires, dans le sens noble du terme, et ça me plaît beaucoup. Il y a autre chose que l’on m’a déjà dit que j’ai adoré, c’est « je n’aime pas les bijoux mais les tiens j’aime bien ». Je me reconnais bien là-dedans. Maintenant que j’ai une boutique, j’ai la chance de voir qui sont vraiment mes clientes et je dirais que ce sont des femmes indépendantes, qui n’ont pas besoin d’un homme pour acheter le bijou, elles savent ce qu’elles veulent, et j’aime beaucoup cette idée.
C’est extrêmement subjectif et j’aime que ce le soit. Je pense que l’on choisit un bijou par coup de coeur, sans obligation. Souvent, mes clientes sont attirées par une pierre donc elles se laissent guider par ça. Le plus important je crois, quelle que soit la circonstance ou la raison du choix, c’est que la personne s’approprie le bijou. Je ne serais pas du tout une bonne vendeuse, je suis tout à fait capable de dire à quelqu’un qu’un bijou ne lui correspond pas ! (rires)
Il y a beaucoup de pierres que je travaille dans mes collections. J’aime les pierres qui ont des variantes de couleurs : par exemple, la labradorite est une pierre que je travaille depuis très longtemps. J’aime aussi beaucoup la turquoise, c’est ma pierre fétiche. Le premier bijou que j’ai fait était une bague en turquoise. J’aime aussi énormément et de plus en plus le cristal. J’aime son côté brut et délicat à la fois.
Sans hésitation, la parure ! Après chacune fait ce qu’elle veut, mais je n’aime pas ne serait-ce que l’idée de la parure. La symétrie m’angoisse un peu… et puis l’accumulation n’est pas forcément quelque chose de bon goût non plus d’après moi. Ce qui est beau, c’est de s’approprier les bijoux, comme pour une silhouette. L’important c’est d’être soi.
Je n’ai pas l’impression. Et en plus j’aime tant les décalages que je trouve ça super élégant de porter un gros rang de turquoise avec un pull en plein hiver. Je ne sais pas pourquoi on associe ça à l’été et à la plage, c’est très premier degré, c’est presque dommage…
Je ne crois pas du tout. J’ai vu des femmes parfois incroyablement élégantes sans aucun bijou, et je trouve cela sublime. Parfois sans bijou, il y a quelque chose de pure qui se dégage et cela suffit. Je n’aime pas beaucoup l’idée de relier le bijou à la féminité. Ce n’est pas un bon lien. Je crois qu’on peut être féminine sans bijou, les cheveux courts et avec des chaussures plates. Je ne crois pas aux évidences.
De manière assez simple je répondrais une alliance ou une médaille. Une médaille, c’est n’est pas forcément un symbole religieux. J’aime l’idée de se faire personnaliser une médaille. Je trouve que c’est un bijou magnifique dont on ne peut pas se lasser.
Un petit supplément d’âme. Un grigri ?
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